Odile Schwarz  : Sur le Motif - L'homme qui peint
[Texte inédit 05/2001]








Patio
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Hôte
C.V.
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Réserve


Il est un homme difficile, divisé. Il vit dans le noir, la nuit. Il a constamment peur de perdre son temps, de perdre de lui-même. Il est fasciné par son propre regard, pas le regard sur soi, mais par ce que son regard invente sans cesse, trouve (et se retrouve), par ce qu’il rend possible s’il est vu, suivi, vécu, par ce que son regard invente avec ses mains. Ses deux yeux ne lui suffisent pas. Il est prêt à tout pour se trouver, s’y retrouver.

Ses deux yeux ne lui suffisent pas. Il lui faut voir, forcer la vision, toujours recoller quelque chose. Récolter, collecter, collectionner, coller, construire, bâtir.
Je crois qu’il peint pour voir, dans son atelier qui est une sorte de refuge, où se trouvent ses objets–témoins, bornes de tous ses chemins en peinture, de tous ses cheminements dans la peinture…

L’objet n’est pas l’objet d’un culte, l’objet est là et tout est bon en lui : bouteille, crâne, moulage de mains, mains articulées de gantier, jouets, images, reproductions, boules de papier froissé, ficelle, morceaux de plastiques colorés : objets à prendre la lumière, ils sont tous choisis parce que témoins de la lumière et de la forme à un moment donné et parce qu’ils rendent possible, en eux même, la rencontre avec cette vision inconnue qu’il a en lui et qu’il cherche.

Leur enchevêtrement prévu trace déjà quelque chose, le fourbi est une architecture.

Ce désordre du motif est une mine que le regard creuse. Il marque.

Il n’y a pas d’hommage, de dévotion, de sacrifice, de vocation, il n’y a pas même de guerre déclarée, de combat, d’opposition. Il n’y a pas d’histoire. Il y a un homme qui peint et c’est tout.

" Ce que je voudrais simplement faire, c’est une peinture aussi résistante, aussi consistante que la réalité perçue dont elle s’inspire tout en rendant compte des cheminements du regard."




Photos Odile Schwarz - 01.1991








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